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Les enjeux des émissions liées au chauffage au bois sont multiples. Le gouvernement souhaite réduire de 50% d’ici 2030 les émissions de polluants du chauffage au bois domestique, premier émetteur de particules fines en France. Dès lors comment agir ? Quels sont les leviers existant notamment pour les collectivités ?
Selon le CITEPA (2019), il y a aujourd’hui 6,5 millions d’appareils de chauffage au bois en France, dont la moitié sont utilisés en chauffage principal. Malgré le renouvellement progressif du parc des équipements de chauffage, les foyers ouverts et équipements anciens peu performants (datant d’avant 2005) constituent encore 48% du parc et sont responsables d’approximativement 2/3 des émissions en particules fines issues du chauffage au bois individuel.
Le secteur résidentiel est le premier émetteur des particules fines en France, dont la quasi-totalité provient de la combustion des appareils de chauffage. En 2018, les émissions de particules fines issues précisément du chauffage au bois ont constitué :
Le chauffage au bois pollue particulièrement dans certaines conditions. Cela dépend en premier lieu de l’appareil et de son installation (ancienneté, dimensionnement, entretien). Mais cela dépend également de la qualité du combustible et des pratiques d’allumage et de stockage du bois.
Pour diminuer les impacts du bois énergie sur la qualité de l’air, les collectivités ont plusieurs leviers :
L’interdiction de certains appareils à bois est mise en place dans plusieurs pays, notamment en Grande Bretagne, aux Etats-Unis, au Canada et en Allemagne. Ces pays ont mis en place des réglementations visant à autoriser uniquement l’usage des appareils peu émetteurs, avec des interdictions de l’utilisation de foyers ouverts dans quelques grandes agglomérations (à Londres et à Montréal, notamment).
Depuis la Loi Climat et Résilience, les préfets peuvent prendre des mesures locales pour atteindre la réduction de 50% des émissions de PM2.5 issus du chauffage au bois entre 2020 et 2030 dans les zones concernées par un Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA).
Les préfets et préfètes peuvent mettre en place une interdiction d’utilisation de chauffage biomasse non performants. C’est actuellement le cas dans la Vallée de l’Arve avec l’interdiction des foyers ouverts, et prochainement dans la Métropole de Lyon.
En plus des aides publiques nationales de MaPrimeRénov’ (jusque 2000 euros pour les ménages modestes), des aides des fournisseurs d’énergie (dispositif des certificats d’économie d’énergie), certains territoires disposent d’un Fonds Air Bois.
Le Fonds Air Bois octroie une aide pour remplacer un appareil chauffage au bois ancien par une installation labellisée Flamme Verte ou des équipements inscrits au registre ADEME d’équivalence (en savoir plus). Il est proposé par certaines collectivités, en collaboration avec l’ADEME, dans les territoires où les seuils de particules fines sont dépassés, lorsqu’une part importante des PM est liée au chauffage au bois. L’ADEME accompagne le dispositif en contribuant au financement (jusque 50% du montant), l’objectif national de ce fond étant de remplacer 36 000 installations entre 2012 et 2026.
Si vous souhaitez étudier le déploiement d’un fonds air bois sur votre territoire, l’ADEME propose un appel à projet « fonds air bois ». Il a pour objectif de réaliser une étude de préfiguration (évaluer la pertinence, le dimensionnement, participation maximale de l’ADEME de 70% du montant avec un plafonnement à 100k€) puis si l’étude de préfiguration a été concluante, un accompagnement dans sa mise en place (dotation du fonds avec un taux d’aide plafonné à 50% et 1 million€.
Après les aides aux particuliers votées pour le fioul, un amendement dans le Projet de Loi de Finances Rectificatif voté en novembre 2022 va permettre une aide de 230 millions d’euros pour les ménages les plus précaires se chauffant au bois. Cette aide est complémentaire avec le chèque énergie (100 à 200 euros pour 12 millions de français).
En savoir plus sur le chèque bois énergie
Pour tenir l’objectif de diviser par deux les émissions de particules fines issues du chauffage au bois d’ici 2030, un plan d’action national a été présenté en juillet 2021, construit en 6 axes :
En savoir sur le plan d’action national
Plus récemment, l’arrêté détaillant le Plan national de Réduction des Émissions de Polluants Atmosphériques (le PREPA) 2022-2025 a été publié en décembre 2022. Ce plan regroupe dans un document unique les orientations de l’État en faveur de la qualité de l’air sur le moyen et long termes dans de nombreux secteurs, dont le chauffage au bois.
L’atelier des Assises nationales de la qualité de l’air a permis de trouver des pistes d’actions pour comprendre les freins au changement pour mieux sensibiliser les particuliers. La présentation globale de l’atelier est disponible en libre accès dans cet article. Les intervenant.e.s sont Sarah Brière, DREAL Auvergne-Rhône-Alpes ; Sylvaine Paris, DREAL Auvergne-Rhône-Alpes ; Daniel Chatelin, AGEDEN & Clément Pesle, Grenoble Alpes Métropole et Véronique Tatry, ADEME .
L’ADEME et le Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires mettent à disposition un kit communication « Chauffage au bois performant – chaque geste compte ». Ce kit a pour objectif de sensibiliser les particuliers à la bonne utilisation de leur appareil de chauffage au bois pour limiter les émissions polluantes de ce mode de chauffage.
Ce livret est construit autour de 3 axes : réduire les chauffages polluants, développer les énergies renouvelables et les réseaux de chaleur et prendre en compte la qualité de l’air intérieur dans la rénovation thermique. Télécharger le livret