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L‘Alliance a co-signé une tribune publiée dans Le Monde pour encourager le mix énergétique et aller vers une transition écologique. Nous ne sommes pas favorables à l’instauration d’un monopole tout électrique mais davantage à un mix énergétique.
Tribune. Le 14 juillet, la Commission européenne a annoncé une série de mesures législatives pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, parmi lesquelles l’arrêt de la vente des véhicules essence et diesel au sein de l’Union en 2035.
Cette décision implique un renouvellement massif du parc de véhicules vers des motorisations à faibles émissions. Nous, élus de toutes sensibilités politiques, associations et organisations environnementales, acteurs économiques de la mobilité, appelons à ne pas reproduire les erreurs du passé, à l’échelle européenne comme nationale, en abandonnant ou en freinant des alternatives économiques et écologiques au diesel et à l’essence. Celles-ci sont aujourd’hui des filières matures, pourvoyeuses d’emplois, bonnes pour le climat, la qualité de l’air et la santé, le portefeuille des ménages et des entreprises.
Nous appelons de nos vœux des motorisations à faibles émissions utilisant un « mix » énergétique : énergie électrique, (bio) gaz et hydrogène. Faisons collectivement le choix de la neutralité technologique et mettons de côté les chimères et la création de nouveaux monopoles : la fin des véhicules essence et diesel ne saurait se traduire par le remplacement d’un monopole énergétique par un autre.
Ces derniers mois, la Commission européenne et la France sont focalisées sur les solutions électriques et hydrogène. C’est une intention louable, mais qui n’en demeure pas moins un parti pris. Elle se traduit par une réglementation européenne qui, en mesurant uniquement les émissions de CO2 en sortie de pot d’échappement, pénalise le (bio) Gaz naturel véhicule (GNV). En France, quand bien même de nombreuses collectivités et transporteurs s’équipent de plus en plus en véhicules bio GNV, les mesures nationales d’encouragement demeurent largement en retrait en comparaison des mesures (tardives) de soutien à l’électrique et à l’hydrogène auprès des constructeurs, des distributeurs, comme des usagères et usagers.
Il s’agit pourtant d’une énergie renouvelable, produite localement à partir des boues d’épuration, de la méthanisation des déchets alimentaires et des effluents d’élevage. Le bio GNV permet de réduire de 80 % les émissions de CO2 par rapport au diesel, jusqu’à 95 % les émissions de particules fines, 40 à 64 % les émissions d’oxydes d’azote, et 50 % la pollution sonore.
En 2019, l’étude de l’IFP Energies nouvelles (anciennement Institut français du pétrole) a démontré que les performances environnementales de véhicules bio GNV étaient supérieures à toute autre solution, en se basant sur une analyse du cycle de vie, c’est-à-dire l’analyse des gaz à effet de serre émis de la production jusqu’au recyclage des véhicules, en passant par la production du carburant consommé.
Le projet de loi Climat et résilience prévoit la création de 35 nouvelles zones faibles émissions en France dans les toutes prochaines années, en complément de celles en vigueur au sein des métropoles de Grenoble, Lyon, Paris et Strasbourg. En cohérence avec ce déploiement, il y a urgence à soutenir la filière du (bio) gaz, qui est pourtant pénalisée depuis plusieurs mois à l’échelle européenne. Aujourd’hui, le risque est grand de casser la dynamique de toute la filière, constructeurs, distributeurs, concessionnaires.
C’est maintenant qu’il faut agir, pour permettre l’accès à une offre diversifiée de véhicules bio GNV, qu’il s’agisse de véhicules particuliers, d’utilitaires légers ou de poids lourds. Les performances sont au rendez-vous en matière d’autonomie, elles ont déjà convaincu de nombreux transporteurs publics et privés, de voyageurs et de marchandises.
C’est maintenant qu’il faut agir pour que la transition vers des technologies à faibles émissions ne laisse personne de côté, notamment en s’appuyant sur des technologies disponibles, matures, accessibles à l’achat pour les usagères et les usagers. L’usage du bio GNV permet d’économiser environ 20 % par rapport aux motorisations essence et diesel, ce qui compense les surcoûts à l’achat dans la durée. Ceux-ci sont d’ailleurs faibles, voire inexistants pour les véhicules particuliers, et limités pour les véhicules utilitaires légers.
Aujourd’hui, la filière automobile, les usagères et usagers ont besoin d’un cap clair, et il ne saurait y avoir de transition écologique sans justice sociale. Nous appelons donc à prendre des initiatives ambitieuses dans les prochaines semaines et à favoriser des solutions multiénergie à prix accessible, en alternative au diesel et à l’essence.
Au niveau européen et national, nous devons adapter la réglementation, prendre des mesures de soutien pour inciter les constructeurs à s’orienter sur les véhicules à faibles émissions, y compris bio GNV. Cela passe notamment par une réglementation européenne facilitant le bio GNV, l’instauration d’aides financières conséquentes et durables à la création de stations de recharge, qui présentent par ailleurs l’intérêt économique et écologique de s’appuyer sur des réseaux de distribution existants. Avec des aides de l’Etat renforcées et simplifiées aux entreprises, aux collectivités et aux particuliers, il est possible d’accentuer un cercle vertueux en faveur de l’acquisition de véhicules à faibles émissions, y compris en intégrant le bio GNV dans le « bonus écologique », et en créant un prêt à taux zéro garanti par l’Etat.
C’est maintenant qu’il faut agir.