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La France, quatrième pays le plus boisé d’Europe, voit son risque d’incendie s’accroître chaque été sous l’effet du dérèglement climatique. D’ici 2050, la moitié de ses forêts pourrait être exposée à un risque élevé, faisant des feux de forêt un véritable enjeu national à anticiper.
Avec 16,9 millions d’hectares boisés, la France est le quatrième pays le plus forestier d’Europe. Si cette richesse est un atout pour la biodiversité et le climat, elle représente aussi une vulnérabilité grandissante. En période estivale, le risque d’incendie s’accroît fortement, aggravé par le dérèglement climatique qui rend la végétation plus sèche et plus inflammable.
Les régions méditerranéennes sont particulièrement touchées avec une multiplication par 2 des jours de dangers très élevés, passant de 40 actuellement pour dépasser les 80 jours en moyenne par an (source Atmo Sud).
Selon un rapport du Sénat, d’ici 2050, près de 50% des landes et forêts métropolitaines pourraient être exposées à un risque élevé d’incendie, contre un tiers en 2010. Cette évolution reflète un double phénomène : l’intensification du risque dans les zones déjà touchées, et l’apparition de nouveaux foyers de vulnérabilité dans des régions historiquement peu concernées.
Les feux de forêt ne représentent plus uniquement un danger ponctuel, mais un enjeu national qui doit être anticipé.
Les principaux polluants émis dans l’atmosphère lors d’un incendie sont :
Les forêts, qui stockent habituellement du carbone et absorbent des polluants, deviennent des sources de pollution. Les fumées se déplacent sur des centaines de kilomètres et dégradent la qualité de l’air bien au-delà des zones touchées.
Selon l’ANSES, l’inhalation à court terme des fumées provoquent des effets respiratoires comme des symptômes respiratoires d’irritation. Elle peut entraîner des visites aux urgences ou des hospitalisations pour des maladies respiratoires telles que l’asthme ou d’autres maladies pulmonaires chroniques voire provoquer une modification de la fonction pulmonaire. À ces effets respiratoires, peuvent s’ajouter des effets cardiovasculaires liés à la fumée des incendies de végétation.
Le chercheur Tarik Benmarhnia, a étudié de près l’impact sanitaire des fumées de feux de forêt avec l’exemple californien. Dans son intervention, en 2024 à l’université de Paris-Saclay, il présente le résultat de ses travaux. Il explique qu’en Californie, les « panaches de fumée constituent la source principale de particules fines » et note que les feux les plus conséquents ont eu lieu ces 5-10 dernières années en Californie.
Le chercheur explique que l’impact sanitaire n’est pas similaire aux sources traditionnelles de particules fines. En effet, les particules fines issues des feux de végétation provoquent un risque 10 fois plus important d’hospitalisation que celles émises par d’autres sources.
Les canicules et les sécheresses de plus en plus fortes favorisent l’apparition et la propagation des incendies. Avec le réchauffement climatique, la saison à risque s’allonge et touche désormais plus de régions, notamment le Sud-Est et certaines zones du Centre.
Des températures plus élevées assèchent les sols et fragilisent la végétation, qui s’enflamme alors plus facilement. Les sécheresses répétées, surtout en été, accentuent encore ce danger et augmentent la probabilité de feux intenses.
Les incendies de forêt et de végétation ont de lourds impacts sur l’environnement :
Chaque incendie détruit des milieux naturels précieux. La végétation est souvent totalement brûlée et de nombreux animaux ne survivent pas. Seuls quelques grands mammifères ou oiseaux réussissent à fuir, laissant des habitats dévastés derrière eux.
Les feux de végétation dégagent une grande quantité de polluants dans l’air. La composition des fumées varie selon le type de végétation, son humidité, la densité et l’intensité du feu, ou encore la distance du foyer.
Les forêts stockent du carbone tout au long de leur vie. Lorsqu’elles brûlent, ce carbone est relâché dans l’atmosphère sous forme de gaz à effet de serre, principalement du CO₂. Si les feux émettent ponctuellement beaucoup de GES, leur part reste aujourd’hui limitée dans les émissions nationales (environ un millième), loin derrière les niveaux atteints lors des méga-feux récents au Canada ou en Australie.
A noter que la très grande majorité des feux de forêt sont causés par l’activité humaine : imprudence, négligence ou gestes inadaptés en milieu naturel. C’est pourquoi la prévention joue un rôle crucial pour limiter ces départs de feu évitables.
La multiplication des feux de forêt et végétation transforme durablement la pollution atmosphérique. Leur impact sanitaire, bien différent des sources classiques de particules fines, impose d’intégrer ce risque dans les politiques publiques.
Comme l’ont montré les expériences californiennes, les panaches de fumée peuvent devenir une source majeure de pollution de l’air. Anticiper et prendre en compte dès aujourd’hui cet enjeu va devenir indispensable pour protéger la santé de tous et préserver nos territoires.
Les AASQA sont de plus en plus nombreuses à suivre et étudier de près l’évolution des panaches de fumées en communiquant sur le niveau de pollution de l’air. Cet été, Atmo Occitanie et Atmo Sud ont alerté sur la dégradation de la qualité de l’air suite aux incendies indiquant qu’un épisode de pollution aux microparticules était en cours sur le territoire avec un air dégradé à mauvais. La collaboration AASQA-collectivités s’avère indispensable pour prévenir, sensibiliser et agir dès maintenant.
Photo de Matt Palmer sur Unsplash
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