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Le Secours catholique et 8 associations ont publié un rapport sur la mobilité en milieu rural. Ils ont élaboré 11 propositions pour faire de la mobilité inclusive et durable une réalité dans les territoires ruraux.
Posséder une voiture dans les territoires ruraux reste à ce jour une nécessité pour se déplacer : le taux de motorisation n’a jamais été aussi élevé. En 2017, 94 % des ménages possédaient un véhicule et 80 % des déplacements dans ces territoires se faisaient en voiture, faute d’alternatives.
Le quotidien s’organise autour de la voiture : les transports en commun sont quasi inexistants et les services et commerces sont de moins en moins accessibles.
C’est l’unique moyen pour rejoindre son travail, ses proches, ses loisirs, ses commerces ou son accès aux soins. Mais, les ménages ruraux précaires possèdent des véhicules anciens et polluants qui impactent le plus la pollution de l’air.
Le budget voiture a explosé ces dernières années et l’éloignement des services publics a renforcé le sentiment d’injustice des habitants des territoires ruraux. Sentiment exacerbé lorsqu’on leur demande de faire des efforts de sobriété, sans se voir proposer de véritables alternatives à la voiture. Depuis des décennies, les choix d’aménagement du territoire ont favorisé l’essor de la voiture individuelle au détriment des solutions de transports publics collectifs. Le mouvement des gilets jaunes a notamment montré à quel point ces décisions avaient pu piéger des ménages dans une dépendance à l’automobile dont ils ne peuvent s’extirper seuls. A travers lui, c’est la France des territoires délaissés qui s’est exprimée, une France noyée par la hausse du coût du carburant.
Les ménages précaires subissent le plus la dépendance à la voiture et sont les plus vulnérables face à une augmentation du prix des carburants. Ils ont des déplacements contraints et coûteux. Selon l’Insee, en 2017, le budget mobilité représente 21 % des dépenses d’un ménage rural. Il s’agit du premier poste de dépense pour les ménages ruraux.
En 2022, les ménages automobilistes urbains ont dépensé, en moyenne, 981 euros par an en frais de carburant, contre 1 480 euros pour les ménages automobilistes vivant en zone périurbaine et 1 855 euros pour ceux vivant en zone rurale. En moyenne, le budget d’un ménage rural pour la possession et l’usage de la voiture serait donc autour de 4 640 €, soit une dépense mensuelle de 390 euros.
Les collectivités sont engagées et peuvent continuer d’agir au niveau local pour offrir des alternatives viables à la mobilité rurale : rouvrir des gares et petites lignes de train, développer des réseaux de petits bus électriques et des réseaux cyclables et marchables mais aussi développer le covoiturage, l’autopartage, le transport à la demande…
Le rapport sénatorial mené par le rapporteur Olivier Jacquin en 2021 estime à 700 millions d’euros par an les dépenses d’investissements nécessaires pour développer des services de mobilité durable – « auquel il faut ajouter 3 milliards d’euros par an pour engager un véritable plan de relance ferroviaire ».
Cet investissement est nécessaire alors même que le sentiment d’abandon dans les campagnes ne cesse d’augmenter.
Lire le rapport complet du Secours Catholique sur la mobilité rurale « Territoires ruraux : en panne de mobilité » – avril 2024.
Photo de Jean-Baptiste D. sur Unsplash