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Les 27 et 28 novembre, l’Alliance a co-organisé avec le Cerema, en partenariat avec l’ADEME, Atmo France et le ministère de la Transition écologique, le colloque « Objectif Air 2030 » à Champs-sur-Marne.

Les 27 et 28 novembre 2025, l’événement Objectif Air 2030, organisé par le Cerema en partenariat avec l’Alliance des collectivités pour la qualité de l’air, l’ADEME, Atmo France et le ministère de la Transition écologique, a réuni à Champs-sur-Marne plus de 140 acteurs publics, parapublics et privés. Deux journées d’échanges riches rythmées autour de trois sessions thématiques consacrées au trafic, au report modal et mobilités actives, et à l’urbanisme favorable à la santé.
Si de nombreux progrès ont été réalisées ces dernières années, les défis restent importants face à la nouvelle directive européenne. Les nouveaux seuils de pollution à respecter d’ici 2030 ont été divisés par deux. C’est une grand marche à franchir pour la plupart des collectivités, les politiques publiques devront être ambitieuses pour y répondre. Lors de la table ronde d’ouverture, Hélène Peskine, Directrice générale adjointe du Cerema, a souligné que ce texte « vient conforter une réalité portée aujourd’hui par les décideurs publics, nationaux et locaux car en cinq ans, nous avons fait des pas de géant entre la révolution du vélo et l’accélération de la végétalisation qui présentent des co-bénéfices majeurs sur la qualité de l’air, la qualité de vie et le confort urbain. » Charlotte Lepitre, Déléguée générale adjointe à Atmo France a, quant à elle, rappelé le rôle central des AASQA, partenaires de proximité pour accompagner les collectivités dans la mise en œuvre et l’évaluation des actions. De son côté, Gilles Aymoz, Directeur adjoint à la Direction Villes et Territoires Durables à l’ADEME, a souligné la nécessité d’une transition juste, articulant qualité de l’air et décarbonation, avec 2030 comme étape vers des objectifs encore plus ambitieux à l’horizon 2050.
La première session a été consacrée au trafic routier, principale source d’émissions d’oxydes d’azote. Les présentations ont mis en évidence l’importance de disposer de données fiables et harmonisées pour éclairer et guide les politiques publiques.
Parmi les outils et ressources présentés : le Guide méthodologique des inventaires territoriaux des émissions atmosphériques ; CopCerema (outil de modélisation des émissions polluantes par tronçon) ; la plateforme AVATAR (centralise des données de trafic qualifiées). Plusieurs retours d’expérience ont illustré les leviers d’action disponibles : logistique urbaine durable, expérimentations de vélo-cargo dans le secteur du BTP, accompagnement des artisans via le programme Marguerite.
Anaïs Eon Duval, chargée de mission ZFE à Grenoble Alpes Métropole, a ainsi présenté le travail d’élaboration de recommandations pour les déplacements des artisans dans le secteur du BTP sachant que 98% des véhicules utilitaires sont équipés de moteurs diesel. A Grenoble, une dizaine d’entreprises a pu tester des vélo-cargos pendant un mois et toutes ont décidé de renouveler l’expérience. L’interrogation des pratiques a par ailleurs permis de définir des préconisations et de remettre un bilan assorti de suggestions aux entrepreneurs.
En conclusion de cette première session, Émilie Butel, Directrice de projets innovation et connaissance des trafics au Cerema, n’a pas manqué de souligner la multitude de leviers pour agir sur la qualité de l’air : le report modal, l’encouragement au remplissage des véhicules avec des voies réservées, les régulations de vitesse et les limitations à 30km/h dans de nombreuses villes…Tout en insistant sur l’importance d’objectiver les diagnostics pour construire et évaluer les politiques publiques.
Le report modal constitue un levier essentiel pour atteindre les objectifs européens. Antoine Dupont, chef de service adjoint du service Transports et mobilité de l’ADEME, l’a rappelé « nous devons diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 5% par an pour être conforme aux seuils de la directive européenne en 2030 or en 2025, la diminution ne sera que de – 0,8% ».
Le Cerema et l’ADEME ont présenté plusieurs dispositifs d’accompagnement, dont : l’eXtrême Défi Mobilités, le programme AVELO, l’AMI Territoires de Nouvelles Mobilités Durables, le programme ADAMOB (accompagnement de la transition énergétique des flottes de bus).
Plusieurs collectivités ont également partagé des retours d’expérience. Cécile Féré, Responsable du service aides et conseil aux mobilités à la Métropole de Lyon, a partagé la stratégie vélo mise en oeuvre sur le territoire. Un exemple du point de vue qualité de l’air, économique et sociale : voies sécurisées et continues de quatre mètres de large, stationnements sécurisés, reconditionnement de vélos avec une mission d’insertion sociale, lancement d’offres découvertes gratuites, politiques d’aide à l’acquisition … Avec un budget d’investissement de 3,6 milliards d’euros, la Métropole s’est donnée pour objectif de tripler le recours au vélo.
Gildas Bourven, Chargé d’études mobilités à Rennes Métropole, a quant à lui détaillé le Plan piéton. Celui-ci est fondé sur la réalisation d’aménagement structurants pour relier les pôles générateurs de piétons, des expérimentations (suppression d’un carrefour à feux) et une communication renforcée.
Stéphane Chanut, Responsable du domaine mobilités au Cerema, a souligné l’importance d’une approche intégrée pour répondre aux enjeux de mobilité quotidienne. Mobiliser différentes solutions combinant vélo, marche, transports collectifs et covoiturage pour transformer durablement les pratiques de mobilité. Ces présentations ont suscité de nouvelles pistes de réflexion et d’action comme l’emport des vélos dans les transports en commun selon les horaires et besoins ou la nécessité de mesurer l’impact des voies réservées sur le développement du covoiturage.
La dernière session a porté sur l’urbanisme favorable à la santé, dans un contexte de transition climatique, de sobriété foncière et de décarbonation. De nombreux outils développés par le Cerema, l’ADEME et les AASQA ont été présentés, parmi lesquels : ISadOrA, le Guide de l’aménagement durable, l’outil Sésame pour intégrer l’arbre dans les projets, l’outil MUSE ou encore des outils participatifs comme le jeu Santé-Cité. Cette séquence a aussi permis de présenter les différents recueils des données qualité de l’air pour mieux guider l’action publique.
Des retours d’expérience ont illustré ces démarches, notamment celui de la Ville de Lille. Olivier Savy, Chargé de mission santé environnement à la Ville de Lille, a présenté le quartier à santé positive Lille concorde. Sur ce territoire fortement exposé aux bruits et aux pollutions atmosphériques et qui compte nombre d’habitants socialement et économiquement fragilisés, une stratégie de renouvellement ambitieuse a placé les exigences sociales et environnementales au cœur du projet. Avec quatre objectifs : limiter l’exposition au bruit, diminuer l’exposition à la pollution de l’air, offrir une offre alimentaire qualitative et accessible et développer la production d’énergie renouvelable.
Au fil des interventions, un constat partagé si des progrès ont été réalisés, l’atteinte des objectifs européens à l’horizon 2030 nécessite d’amplifier et de structurer l’action dans tous les territoires. Karine Debeaune, responsable du domaine aménagement et stratégies territoriales au Cerema, a d’ailleurs partagé « L’urbanisme favorable à la santé est un impératif. C’est en début de mandat municipal qu’il faut poser les objectifs et tracer la voie en embarquant les acteurs de la santé, de l’urbanisme et de l’aménagement pour construire une vision globale, et en combinant les expertises technique et d’usage pour associer toutes les parties prenantes, y compris les citoyens ».
En conclusion de ces deux journées, Cécile Cenatiempo, Présidente de l’Alliance, a salué l’enthousiasme et l’engagement des participants, ainsi que la volonté partagée d’aller plus loin ensemble. Dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint, ces échanges ont montré la capacité des collectivités à continuer d’agir et à innover. Cécile Cenatiempo a rappelé que les collectivités sont aujourd’hui confrontées à des arbitrages complexes, mais que ces contraintes peuvent aussi devenir des leviers d’innovation et de coopération. « Transformons la contrainte en outil positif, réinventons nos façons de travailler ensemble pour continuer à faire au moins aussi bien avec moins de moyens. Il va falloir faire preuve d’imagination, de courage et de solidarité », a-t-elle souligné avant de conclure. Pour la Présidente de l’Alliance, c’est en se rassemblant et en se mobilisant collectivement que nous pourrons répondre aux nouveaux défis et faire évoluer durablement les territoires.
L’événement Objectif Air 2030 s’est ainsi achevé sur une note positive et dynamique, à deux voix avec Hélène Delmotte, journaliste.
« J’ai souhaité en apprendre davantage sur la qualité de l’air et surtout les actions que les
collectivités peuvent mener pour réduire la pollution. Avoir des retours d’expériences d’autres
collectivités est important. Nous sommes très concernés par le sujet à Saint-Denis et c’est
aussi une préoccupation des habitants. Ici, je monte en compétences pour proposer des
solutions adaptées. » Yann Février, ingénieur Énergie-Environnement à la ville de Saint-Denis
« J’ai présenté un atelier sur la transformation des boulevards urbains, pour partager notre
expérience, mais aussi pour m’enrichir de celle des autres et échanger de manière formelle ou
informelle sur des problématiques communes. Ce type d’événements nous rebooste dans notre
travail. » Pascaline Galy, chargée de mission qualité air et santé environnementale, Bordeaux
Métropole
Merci à Hélène Delmotte pour les verbatims et la synthèse des échanges.