Zoom sur la pollution à l’ozone, la célébrité de l’été

En France, l’ozone constitue le seul polluant atmosphérique dont les concentrations moyennes annuelles ont connu une augmentation au cours des vingt dernières années. Ce phénomène est particulièrement préoccupant, car les niveaux observés sont suffisamment élevés pour avoir des effets néfastes sur la santé humaine, la végétation et les rendements agricoles.

L’ozone, qu’est-ce c’est ? 

On différencie deux types d’ozone, bien qu’il s’agisse des mêmes molécules, situées à des altitudes différentes. Le premier, à très haute altitude, dans la stratosphère, est un gaz naturel qui forme la « couche d’ozone », il filtre et nous protège des rayons du soleil. Il sera question ici du second type d’ozone : celui présent à basse altitude, dans la troposphère, en petite quantité. Quand sa concentration augmente, il est qualifié d’ozone secondaire.

En effet, l’ozone est un polluant dit secondaire, c’est-à-dire qu’il n’est pas rejeté directement dans l’atmosphère par une source de pollution, mais résulte de transformations chimiques de polluants déjà présents dans l’air (oxydes d’azote dits Nox et Composés Organiques Volatiles dits COV). Ces réactions chimiques sont déclenchées par les rayons du soleil : c’est pourquoi l’ozone est plus présent en journée, et notamment l’été. C’est notamment son potentiel oxydant qui est surveillé. 

L’ozone est un polluant réglementé, mais sa valeur réglementaire, en cours d’adoption par l’Union Européenne, n’a pas été réévaluée depuis 2005. 

Pollution à l’ozone – © SDES

Quels effets sur la santé, la végétation l’environnement ? 

D’après le dernier rapport State of Global Air (SoGA)* : en 2021, l’exposition à long terme à l’ozone a provoqué environ 489 518 décès dans le monde, dont 14 000 décès causés par des maladies pulmonaires obstructives chroniques, notamment aux Etats-Unis, où la concentration en ozone y est plus élevée que dans d’autres pays à hauts revenus. Le rapport prévoit une augmentation à venir des niveaux d’ozone à cause du réchauffement climatique, et notamment dans les régions où le niveau d’oxydes d’azote est élevé, avec des effets encore plus importants sur la santé.

Car si l’on parle de mortalité due à l’ozone, c’est parce qu’il s’agit d‘un gaz irritant qui peut provoquer des toux, essoufflements, irritations du nez et des yeux. La présence importante d’ozone peut aussi augmenter la sensibilité aux pollens (voir notre livret sur l’air et le pollen). Certains publics comme les enfants, les personnes âgées, asthmatiques, en insuffisance respiratoire, sont particulièrement sensibles à la pollution à l’ozone. 

L’ozone a également des effets sur la végétation : il perturbe de développement de certaines espèces végétales, ce qui entraîne une baisse de rendements pouvant aller jusqu’à 10% et 1,5 milliard d’euros (revoir PPT présenté par l’INERIS lors du GT ozone). Les pertes sur le milieu forestier peuvent aussi être dramatiques, notamment sur le chêne, le hêtre et l’épicéa en Région Auvergne Rhône Alpes. 

* publié par le Health Institue (HEI) institut de recherche indépendant à but non lucratif basé aux Etats-Unis. Cette 5e éditiondu rapport a été réalisé en partenariat avec l’UNICEF

Comment agir ? Quels sont les leviers possibles ?

Agir pour faire baisser les concentrations d’ozone reste complexe, comme il s’agit d’un polluant secondaire. En effet, contrairement au dioxyde d’azote qui persiste quelques heures dans l’air, l’ozone a une durée de vie plus longue, jusqu’à quelques semaines, il peut ainsi persister sur de longues distances, contrairement à d’autres polluants.

Une récente étude a quantifié la part de la mortalité due à l’ozone en France, en fonction de sa provenance : nationale ou importée. Entre 2015 et 2017, environ 114 000 décès sont imputables à la pollution à l’ozone en Europe. Pour 89% de ces décès, les sources d’ozone provenaient d’autres pays : 21% d’autres pays européens, 60% en dehors de l’Europe, et 7% du transport maritime. 

 En Europe, la France et l’Allemagne figurent parmi les plus gros producteurs d’ozone, qui a  de forts impacts sur la mortalité des pays voisins. L’étude indique que la France a eu plus d’effets négatifs sur ses voisins que ces derniers n’en ont eu en retour. 

Ainsi, une réflexion a minima européenne, et internationale est nécessaire pour mener des politiques publiques efficaces de baisse de l’ozone. 

Comment agir face à l’ozone sur son territoire ?

Agir pour faire baisser les concentrations d’ozone reste complexe, comme il s’agit d’un polluant secondaire. Il est possible d’agir sur les polluants primaires à l’origine de la création s’ozone : oxydes d’azotes, composés organiques volatiles et méthane, puisque ce sont eux qui déterminent les teneurs en ozone dans l’air. En réduisant sur ces précurseurs, on peut diminuer les niveaux d’ozone dans l’air. Mais une vigilance doit être maintenue sur des effets contre productifs de certaines actions.

Le cycle de l’ozone est complexe, certains précurseurs sont aussi des destructeurs d’ozone comme les NOX. Il faut alors veiller à ne pas mettre en place des actions qui pourraient perturber le cycle et finalement aggraver la situation. 

Pourtant, alors que certains précurseurs d’ozone sont en baisse ces dernières années, l’ozone reste stable, voire augmente dans certaines régions comme en Auvergne Rhône Alpes. Le réchauffement climatique, en conduisant à des températures moyennes plus élevées, des vagues de chaleur et des épisodes caniculaires extrêmes augmentent ainsi la fréquence des pics de pollution à l’ozone.

Une attention particulière pourra être portée aux plans de végétalisation des espaces urbains, pour planter des essences d’arbres peu émettrices de COV. Il s’agit d’un critère supplémentaire, qui complique encore la tâche des services des espaces, en plus des critères comme le potentiel allergisant, la ressource en eau, la résistance à la chaleur etc. Tout comme la poursuite de la réduction des polluants émis par le trafic routier. 

Lire notre article sur les plan d'actions de collectivités mis en oeuvre face à un pic d'ozone

Certaines collectivités peuvent aller plus loin que les mesures prises par la préfecture en déployant des plans d’urgence sur leur territoire en cas de dépassements des seuils de polluants (dont l’ozone). Exemple avec 3 collectivités.

 

Lire notre article

Photo de Anja Bauermann sur Unsplash

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